Pour s'en sortir les directeurs optent pour différentes tactiques qui toutes bien sûr agissent au détriment des résidents : non renouvellement d'un poste de médecin coordonnateur, de cadre de santé, de psychologue, d'ergothérapeute etc. afin d'assainir leur budget.
Ceci pour dire que les directeurs semblent "anesthésiés" devant cette situation financière, alors qu'ils ont été bien souvent bernés par les tutelles. J'en donne une illustration:
Arrivé dans un EHPAD en septembre 2009, le directeur met en place un projet d'établissement ambitieux, plaçant le versant "animatif" et hôtelier en avant : horaire des repas, menus, accompagnatrice, socio esthéticienne, etc. Le projet présenté en septembre 2010 aux tutelles a été reconnu comme exemplaire. La coupe Pathos réalisée par mes soins nous promettait une surface financière acceptable….. A cette époque, étant déjà médecin coordonnateur depuis 7 ans j'ai eu des doutes sur la capacité des tutelles à financer un tel projet d'établissement. Le jeune directeur (c'était son premier poste)et le cadre de santé (non formée à la gérontologie) ignorant mes remarques de prudence s'activèrent afin de réaliser le projet…. Or à la date d'aujourd'hui (4° trimestre 2012), la convention présentée en septembre 2010 n'est toujours pas signée (donc non financée), ce qui va entrainer des suppressions de personnel et une diminution de la qualité de la prise en soins des résidents faute du financement promis. Cette marche arrière est très mal vécue par le personnel ainsi que par les résidents et leur famille.
Avec Bernard Pradines nous avions il y a quelques années lancé avec l'aide d'un média spécialisé un audit sur les coupes Pathos des EHPAD en constatant qu'entre 2007 et 2009 les PMP (Pathos Moyen Pondéré) avaient été systématiquement revus à la baisse, ceci impliquant une baisse de la dotation financière. Cet audit n'avait pas eu le retentissement et les retombées souhaités; comme si les directeurs ne souhaitaient pas entrer en conflit avec les tutelles…..
Les médecins coordonnateurs ne peuvent pas vraiment exercer leurs fonctions du fait d'un déficit chronique en personnel soignant, les familles se plaignent de plus en plus des prestations hôtelières bien souvent exercées par des CAE (Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi) qui ne font que passer, Les IDE n'arrivent pas à appliquer les protocoles et procédures validés. Les AS (Aides Soignantes) véritables chevilles ouvrières de la structure craquent car elles doivent faire des soins déshumanisés, reniant ainsi leur engagement éthique.
L'exemple des "pigeons" sur "la toile" montre qu'un mouvement spontané peut être efficace.
Sur une liste de discussion Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. j'ai évoqué ce sujet et seulement une directrice a réagi !!! Faut-il attendre que l'un d'entre eux se suicide pour qu'un mouvement se dessine?
Les deux derniers conseils d’administration auxquels j'ai assisté ont été des moments très difficiles pour ces directeurs qui doivent assainir leur budget. Les représentants du conseil général et de l'ARS qui étaient présent ne semblaient pas avoir les moyens financiers de répondre aux attentes des directeurs. Je ne vous parle pas des réactions des personnes présentes (maire, conseiller général, familles, représentants du personnel dont une AS qui s'est effondrée en larmes, incapable de parler de son vécu professionnel).
Je ne pense pas que ce que je relate soit unique en France…..
Il nous faut donc trouver un moyen de donner la parole à ceux qui n'osent pas ou ne savent pas comment faire. Ce que les "pigeons" ont fait devrait être tenté. Un groupe de réflexion privé regroupant progressivement tous les acteurs et consommateurs pourrait être mis sur pied .
Le recours à des techniciens des média est par ailleurs indispensable afin de promouvoir notre action en faveur d'une prise en charge humaine du grand age, que ce soit en institution ou à domicile.