Le dernier reçu en cadeau peu avant noël est de Luc Montagnier : « les combats de la vie » avec en sous titre : « mieux que guérir, prévenir. » (ISBN 978 2 7096 2739 9).
Dans cet ouvrage L M aborde les causes possibles de nombres de maladie chroniques et les moyens de les prendre en charge ou mieux de les prévenir. Dans ces pathologies figurent en bonne place les pathologies inflammatoires comme l’arthrose et dégénératives dont celles du système nerveux comme la maladie d’Alzheimer.
L.M. s’appui sur des faits relevés au cours de ses travaux sur le SIDA. Il note des anomalies dans l’évolution des cultures de lymphocytes infectés par le VIH. Dans certains cas les lymphocytes sont contaminés par un mycoplasme qui semble accélérer le processus de mort cellulaire. Cette observation laisse supposer le rôle important de cofacteurs comme les bactéries du type mycoplasme qui sont ubiquitaires. Il démontre qu’une infection préalable par un mycoplasme facilite la pénétration du VIH dans les lymphocytes. Il montre même que le VIH peut en ressortir en empruntant l’enveloppe de la mycobactérie. Cette observation explique les différences cliniques observées dans l’expression du VIH. D’autres publications confirment l’existence et l’importance de cofacteurs dans l’expression du VIH : virus, bactéries bien sur, mais aussi de facteurs environnementaux ou psychologiques. Rien n’est univoque comme bien souvent.
L.M. aborde un autre sujet qui lui est cher : le « stress oxydant » dont l’effet est de produire des radicaux libres qui sont probablement responsable de lésions cellulaires pouvant entrainer de gros désordres cellulaires. Il classe ces radicaux libres comme le primum movens de multiples pathologies. Un article de janvier 2008 démontre que dans des modèles de souris diabétiques que les dysfonctionnements mitochondriaux ne précédaient pas l'apparition de l'insulinorésistance et semblaient en fait la conséquence d'un stress oxydant. Ces résultats ont étés confirmés in vitro chez des cellules musculaires humaine en culture http://www.inserm.fr/fr/presse/communiques/rieusset_110108.html . Le stress oxydant donc bien être une voie de recherche prometteuse. l’étude SU.VI.MAX (étude clinique française qui a consisté, entre 1994 et 2002 à administrer à 13017 personnes soit un supplément de minéraux et de vitamines, soit un placebo) relève effectivement le bienfait des antioxydants sur certaines pathologies comme les cancers, mais pas pour d’autre comme les pathologies cardio vasculaires comme il était raisonnable de le penser. Mais, car il y a un mais, c’est que les bienfaits ne sont pas partagés et semblent relever de carences nutritionnelle plus fréquentes chez l’homme que chez la femme. Par ailleurs le dosage des produits est important et l’on met actuellement en évidence des pathologies dues à un surdosage en antioxydants A la suite de cette étude a été lancé l’étude SU.VI.MAX 2 qui va explorer l’impact de notre état nutritionnel sur la qualité du vieillissement et en particulier sur l’étude des fonctions cognitives, des troubles de l’audition, de l’état osseux, des troubles de l’équilibre et de la performance physique. Comme nous le voyons rien n’est vraiment certain, mais le fait qu’un scientifique de haut niveau évoque des pistes nouvelles de recherche dans la prévention des maladies liées à l’âge est rassurant. Il est à noter que la plupart des produits antioxydants sont du domaine publique et de ce fait n’intéresse que peu les grandes sociétés pharmaceutiques à la recherche de molécules couvertes par un brevet susceptible d’apporter de gros profits.
Plus anciens les deux ouvrages de François Ploton « Maladie d’Alzheimer, à l’écoute d’un langage » ISBN 2 85008 549 9 et « La personne âgée, son accompagnement médical et psychologique et la question de la démence » ISBN 2 85008 522 7.
L.P. avant toute chose rappelle les hypothèse étiologiques des démences :
Théories neurologiques lésionnelles comme les accidents vasculaires cérébraux en tant que perte de substance, ou bien la présence de matériaux comme les plaques séniles ou les neurofibrilles observée dans les maladies neuro dégénératives. Il souligne le cas de souffrances cérébrales accompagnées de désordres cognitifs liées au syndrome d’apnée du sommeil (SAS) et disparaissant avec la prise en charge thérapeutique de celui-ci.
Théories encéphalitiques mettant en cause des agents des facteurs externes comme des facteurs toxique (aluminium) infectieux(virus) immunitaires, carentiels (zinc, vitamines) et l’excès de radicaux libres…
Théories neuro sécrétoires inspirée de la maladie de Parkinson avec son déficit en neuromédiateur, la L-DOPA.
Théories génétiques avec l’existence de gènes prédisposant à la survenue de troubles cognitifs. Il en résulterait des dysfonctionnements dans la synthèse ou le catabolisme de produits biologiques nécessaires au fonctionnement cérébral.
Théories psychosomatiques avec le rôle connu du stress avec comme modèle de référence l’ulcère gastrique.
Modèles psycho-dynamiques qui font référence à une inhibition intellectuelle et psychomotrice observée au décours de tableau psychopathologiques névrotiques ou psychotiques, ou bien à une désorganisation de l’appareil psychique concernant le fonctionnement l’articulation entre la vie psychique conscient et inconsciente. Il site J.Maisondieu qui évoque le rôle de l’angoisse de mort dans la psychogénèse des démences.
L.P. propose donc de voir dans les démences un processus de déficience avec une certaine forme de désamorçage de l’efficience intellectuelle et psychomotrice plutôt qu’un processus de perte. Il souligne que selon les outils de mesures utilisés l’examinateur ne verra que ce que les outils pourrons lui montrer. Il nous propose donc tout au long de ses ouvrages une autre manière de voir, d’évaluer et de prendre en charge le patient dément.
Voilà donc deux auteurs qui osent avoir une démarche différente d’avec les courants organicistes classiques actuels concernant les pathologies démentielles soutenus par les puissants laboratoires pharmaceutiques. L’un évoque des troubles moléculaires, l’autre des déficiences ou une désorganisation de l’appareil psychique. Chacun propose des voies de recherche et souligne des résultats positifs à l’appui de leurs hypothèses. Je ne suis pas sur qu’ils aient indépendamment raison, je pense que la solution à la prise en charge de ce type de « patient » sera issue d’une recherche ouverte à toute hypothèse de départ comme celles décrites par Louis Ploton. En tout cas gardons nous de ne penser (panser ?) qu’en terme d’Anticholinesterasiques ou d’antiglutamates